L’idée est venue lors de la « redécouverte » d’agrandissements de photos en noir et blanc et en couleur réalisées par Maurice Catherinet en 1949 et pendant son dernier voyage au Logone au sud du Tchad en 1991, deux ans avant son décès.
Cet Ingénieur Agronome, Directeur de Recherches en agronomie tropicale à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) était un grand spécialiste de l’Afrique où il avait de très nombreux amis, notamment dans cette région.
Le Tchad il le connaissait comme sa poche. Envoyé en mission en 1949 il découvrait avec sa jeune épouse des contrées très reculées, n’ayant pratiquement pas changé depuis des décennies, malgré leur appartenance à l’empire colonial français.
Après avoir remonté le Congo en bateau à aubes et en pirogue, ils arrivèrent au Logone (le nom vient du fleuve qui le traverse), au pays du roi des Banana Kolon, aux cases abritées par les hautes murailles de terre sèche du palais où résidaient et œuvraient les très nombreuses épouses de ce dernier.
Porté par son admiration pour l’explorateur Casimir Maistre le premier à parcourir en 1892/93 les lieux habités par les Nantchérés, plus au sud du Logone, Maurice Catherinet fut subjugué par l’existence de ces tribus aux rites et coutumes très peu connus alors.
Il fut très certainement, grâce à son adoption par le groupe ethnique de ces africains, parmi les premiers blancs à être initié à leurs rites et à apprendre leur dialecte qu’il parlait couramment.
De son côté il œuvra afin de développer une agriculture leur permettant de mieux vivre et notamment la lutte contre les maladies du coton (acariens, insectes piqueurs et chenilles) et du Sorgho (rouille et insectes ravageurs).
Cette période, lui permit de réaliser de très belles photos en noir et blanc qui relèvent du domaine ethnographique.
Ce qu’il était loin d’imaginer c’est que 40 ans plus tard il deviendrait l’ami de Pircolossou Akoïna Chef de Canton à Bayaka- Baba, au point de faire partie des leurs, de s’asseoir sous le manguier avec le Conseil des Sages. Il reçut comme présent un poney qu’il prénomma « Jaguar mon Ami », et eu le privilège de dormir dans des cases réservées aux grands Chefs et amis de passage.
C’est l’Ame de ce peuple les Marba Banana-Kolon, sa vie quotidienne, ses rituels et son habitat qui nous sont présentés à travers cette exposition riche de clichés rares.
Photos de 1949 / Photos de 1991
Le Noir et le Blanc s’affronte à la Couleur, mais les visages montrent la fierté toujours présente ce cette ethnie qui, malgré les vicissitudes du territoire Logone près de Kelo et de Laï, s’est battue pour perdurer jusqu’à nous et garder son authenticité.
Ce monde-là était avant la guerre du Tchad …
« BANANA: Le Mot est prononcé. Il soulève généralement des rires ironiques ; Ces paysans du Logone qui allaient nus sont l’objet de bien des sarcasmes ; Il a fallu que la civilisation, les missions même jettent un voile pudique sur cette nudité pour que les spécialistes voient dans le terme Banana la désignation non d’une ethnie mais d’un grand groupe régional et ainsi faire passer ce nom aux oubliettes du progrès.
Les Banana et les Marba qui ont longtemps lutté les uns contre les autres ont fini par s’accorder ; parlant pratiquement le même idiome pour devenir tous des Marbas.
Certes il est sage d’accepter l’évolution des coutumes et les progrès qu’apportent les recherches. Mais il faut se souvenir que « Banana » évoque l’un des plus beaux termes que l’homme ait jamais inventé : L’Amitié. »