Etape 1, fin 2017 : Déclaration de la Valeur Universelle Exceptionnelle (DVUE) et analyse comparative internationale
Cette étape a consisté à démontrer le caractère exceptionnel, universel, intègre et authentique de la candidature des « Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan » au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est la VUE qui présente les caractéristiques principales du Bien, tandis que l’analyse comparative confirme son aspect unique et universel par rapport aux autres sites inscrits ou non sur la liste de l’UNESCO.
L’Analyse comparative, qui est basée sur 54 sites répartis à l’échelle du globe, a démontré que le Bien avait une place originale sur la Liste du patrimoine mondiale, tant sur le plan thématique que géographique.
Pour cela, 5 attributs scientifiques et indépendants, ont été mis en avant et comparés :
1/ les ouvrages de stèles qui sont une caractéristique fondamentale du dossier, d’une ampleur inégalée à l’échelle du monde ;
2/ les tombeaux monumentaux, davantage représentés dans le monde, mais dont la diversité architecturale ainsi que la présence de trois grands tumulus carnacéens exceptionnels nous sont bien spécifiques ;
3/ l’existence de gravures et d’un art rupestre d’une facture, d’un savoir-faire, d’une richesse iconographique et porteurs d’un programme symbolique structuré, sont remarquables pour l’époque néolithique ;
4/ les dépositions, qui sont les nombreux objets découverts à l’occasion des fouilles archéologiques, exposés notamment au Musée de Préhistoire de Carnac et au Musée d’Histoire et d’Archéologie du Château Gaillard. Ils sont ici de grande valeur, à caractère ostentatoire, de quantité et de qualité exceptionnels, ici parfois d’échanges très longues distances. C’est une caractéristique que l’on retrouve très peu à l’échelle des autres sites de comparaisons ;
5/ le lien entre les monuments et leur environnement littoral, formant un paysage symbolique est aspect rarement égalé sur un site aussi ancien.
Étape 2, fin 2019 à mars 2021 : délimiter précisément le périmètre d’inscription
Après avoir validé la 1ère étape du projet fin 2017, l’association Paysage de Mégalithes de Carnac et du Sud Morbihan, accompagnée de son comité scientifique présidé par Yves Coppens ont été auditionnés, en début d’année 2019, par le Comité des Biens du Patrimoine Mondial, rattaché au Ministère de la Culture et de l’Écologie. Celui-ci s’est dit favorable à la poursuite de la candidature tout en formulant 5 recommandations : rendre compte des milieux naturels, se doter d’un atlas cartographique, poursuivre le travail collectif, coordonner les outils de gestion et de protection, mener une étude paysagère.
Cette étude paysagère doit permettre la délimitation définitive du périmètre du projet, c’est-à-dire de finaliser l’étape 2 de la candidature. Ce périmètre doit définir, sur le vaste territoire que comprennent les 26 communes morbihannaises impliquées depuis le départ dans le projet, la « zone cœur » (les aires comprenant les biens inscrits = les mégalithes) et les « zones tampon » (les aires de protection et de valorisation de la zone centrale) qui seront reconnues au patrimoine mondial de l’Unesco.
« Cette étape augure de la bonne suite du projet puisqu’en identifiant précisément ces aires et les menaces qui pèsent sur elles, l’étude paysagère amorcera l’étape 3 de la candidature : l’élaboration du plan de gestion. C’est pourquoi nous avons fait le choix, avec le comité scientifique, de nous accorder un délai suffisamment long de 18 mois, pour la travailler. Nous souhaitons ainsi parfaire notre périmètre scientifique mais surtout consolider le partenariat entre les acteurs concernés ». explique Victoire Dorise, Cheffe de projet patrimoine mondial jusqu'en 2019, Directrice de l'association depuis 2021 et garante de la constitution du dossier Unesco, en étroite collaboration avec le Comité scientifique.
Le projet de candidature des mégalithes du Sud Morbihan présente bien des spécificités. D’abord, sa thématique porte sur la Préhistoire. Ensuite, le nombre de sites inscrits est édifiant : rien que pour la « zone cœur », 400 ont été recensés dont 180 seulement pour Carnac –les Alignements ne comptent que pour 3 sites-, ce qui laisse percevoir l’étendue de la richesse patrimoniale de ce projet. Enfin, la taille du territoire sur lequel le projet s’appuie est singulière. Celui-ci englobe pas moins de 26 communes du Sud Morbihan. Il mobilise un vaste nombre d’acteurs en plus des partenaires traditionnels que sont l’Etat, la Préfecture, le département, les intercommunalités.
Dans ce cadre, l’étude paysagère vise à fédérer l’ensemble de ces partenaires autour d’un périmètre cohérent qui donne à voir et à comprendre les liens entre les différents sites exceptionnels. L’étude paysagère doit démontrer le lien qui unit ces monuments créés il y a 6 000 ans en portant son analyse d’abord dans la « zone cœur » puis en l’élargissant à la « zone tampon ». Ensuite il s’agit de replacer ce périmètre dans le territoire d’aujourd’hui pour l’ancrer dans un impératif de gestion durable en abordant les problématiques de population, de réseaux routiers, de topographie, etc. En mode partenarial, les acteurs impliqués doivent recenser les menaces qui pèsent sur ces biens communs (étape 2) et réfléchir ensemble à la manière de protéger ces sites exceptionnels (future étape 3).
Lors de cette étape 2, le 11 décembre 2020, les acteurs institutionnels ont témoigné leur volonté ferme de mener à son terme le projet de classement des Mégalithes de Carnac et des Rives du Morbihan au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Pour que celui-ci ne soit plus un rêve mais devienne une réalité :
- une charte partenariale, formalisant les rôles et responsabilités des différents partenaires et rappelant les différentes étapes du projet a été signée par chacun des acteurs : l'association Paysages de Mégalithes, le Département du Morbihan, le Centre des Monuments Nationaux et l'État.
- une convention partenariale a aussi été signée entre le Centre des Monuments Nationaux et la Ville de Carnac. Par cette signature, Olivier Agogué, Administrateur du site mégalithique de Carnac, devient également le directeur du Musée de Préhistoire. Objectif : que les actions conduites par les deux institutions soient menées en synergie. Cette dynamique renforcée intègre avec elle le projet de rénovation-modernisation du Musée à venir, dont l’étude vient d’être lancée, et inclut les travaux récents de modernisation de la Maison de Mégalithes, deux espaces de médiation pour donner à voir et à comprendre la richesse exceptionnelle de ce patrimoine mégalithique exceptionnel.
Étape 3, de juillet 2021 à fin 2023 : établir le plan de gestion, en concertation étroite avec les citoyens, acteurs majeurs du projet UNESCO
Cette étape ultime vise à définir collectivement les grands principes qui permettront de conserver, de valoriser et de transmettre les connaissances de ces biens mégalithiques. Objectifs : garantir, dans le temps, la pérennité des critères d’intégrité et d’authenticité du bien.
Le plan de gestion viendra interroger l’ensembles des politiques publiques locales : préservation, accessibilité, mise en tourisme, etc. « Ce projet de candidature à l’UNESCO est un projet de territoire, celui de la fierté d’un patrimoine exceptionnel, du partage d’une identité commune, d’une transmission aux jeunes générations d’un mystère dont on a malgré tout beaucoup de choses à raconter. Cette candidature, c’est celle de l’ensemble des habitants. Sa condition de réussite, c’est l’envie du territoire de protéger et de transmettre ce patrimoine », indique Aurélie Moufflarge, ex-Directrice de l’association Paysages de Mégalithes et du Sud Morbihan de 2019 à 2020.
Elus et citoyens du périmètre retenu tiendront donc la plume lors de l’élaboration du plan de gestion dans le cadre de groupes de travail thématiques.
Une fois ce travail élaboré, les élus de l’association seront auditionnés par le Comité National des biens français.
Pour l'ex-Directrice de l’association Paysages de Mégalithes de Carnac et du Sud Morbihan : « L’Etat français ne peut présenter chaque année qu’un seul projet. Nous sommes en concurrence avec beaucoup de villes (Nice et sa Riviera, Carcassonne et ses Citadelle du vertige, Nîmes et son centre historique. Sans compter les candidatures pour l’inscription de sites naturels). Mais nous avons collectivement de quoi être confiants : le socle scientifique de la candidature est incontesté, la Préhistoire et notamment ses mégalithes sont encore peu représentés sur la liste du Patrimoine mondial, et la bienveillance d’Yves Coppens guide nos travaux au quotidien ! La question n’est donc pas tant de savoir si les mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan seront un jour inscrits au Patrimoine Mondial de l’Unesco mais plutôt quand ! »
Une candidature portée à l’échelle d’un vaste territoire
Dans un souci de cohérence et d’adéquation aux nouvelles exigences de classement de l’UNESCO, les scientifiques ont préconisé le dépôt d’une candidature des sites mégalithiques à l’échelle d’un territoire plus vaste, le Sud du Morbihan.
Sur ce vaste territoire, 519 sites mégalithiques dont la diversité et les qualités esthétiques sont remarquables ont été identifiés par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bretagne (DRAC). 161 de ces sites sont inscrits aux Monuments Historiques.
Par l’association Paysages de Mégalithes et du Sud Morbihan
Présidée par le Maire de Carnac, l’association œuvre pour la connaissance, la préservation et mise en valeur du patrimoine mégalithique de 26 communes du Sud Morbihan : Carnac, La Trinité-sur-Mer, Locmariaquer, Larmor-Baden, Arzon, Sarzeau, St-Gildas-de-Rhuys, Ile-aux-Moines, Ile-d’Arz, St-Pierre-Quiberon, Quiberon, Ile-d’Hoëdic, Ile-d’Houat, Le Bono, Crac’h, St-Philibert, Erdeven, Plouharnel, Belz, Etel, Ploemel, Baden, Arradon, Séné, St-Armel, Le Hézo.
D’autres structures, membres de droit, sont également associées au projet comme les gestionnaires des sites mégalithiques (à Carnac, le Centre des Monuments Nationaux -CMN), le Conservatoire du Littoral, deux communautés de communes : Golfe du Morbihan Vannes Agglomération (GMVA) et Auray Quiberon Terre Atlantique (AQTA), le département du Morbihan et l’Etat. Des associations, comme Menhirs Libres, ou les Amis de Carnac, et des communes hors zone d’étude (Elven, Auray, Vannes) disposent du statut de membres associés.
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Les travaux de l'association sont menés en étroite collaboration avec son comité scientifique placé sous l’autorité du Professeur paléontologue Yves COPPENS. Ce comité international comprend dix-huit experts français et européens : chercheurs, archéologues, gestionnaires de sites mégalithiques…
Depuis 2021, Victoire DORISE a remplacé Aurélie MOUFFLARGE, elle-même remplaçantede Jean-Baptiste GOULARD en 2019, à la tête de l’association. Son équipe est composée de :
- Emilie Heddebaux, chargée de mission préservation et Restauratrice du Patrimoine, a travaillé sur un état des lieux des sites mégalithiques répertoriés sur le périmètre d’inscription, avec un encadrement la DRAC. La suite de son travail doit permettre d’élaborer une charte de bonne pratique en matière de conservation et de restauration des sites.
- Marine Chupin, Chargée d’études documentaires, recherche et collecte dans une base de données documentaires toutes les documents historiques et réglementaires sur le patrimoine mégalithique de la zone d’étude UNESCO (rapports de fouilles, plans, correspondances, arrêtés de protection, photographies ,etc.). Cet outil de travail a vocation, à terme, a être ouvert au grand public
Le siège de l’association a été transféré depuis la mi-juin de l’ancien Trésor Public à l’ancien bâtiment administratif du CMN, maison aux volets bleus située au 74, rue des Korrigans, sur la D 119.
Depuis 2015, l’association organise chaque été à Carnac, et dans d’autres sites mégalithiques du Morbihan, le festival Skedanoz, « Nuits scintillantes » en breton. Objectif : valoriser ce patrimoine exceptionnel. La première édition, organisée en 2015, a réuni pas moins de 20 000 personnes.
Ce partenariat, comme d’autres, témoigne de l’attachement des acteurs locaux et des Carnacois à ce patrimoine unique et de leur volonté de le faire connaître et de le partager. En 2015, l’Espace Culturel Terraqué, a d'ailleurs, dans le cadre de la Fête de la Bretagne, fait revivre la tradition orale « La légende des menhirs », telle que racontée dans les alignements en 1964.